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« Regarde, c’est là ! »
Elle détache la dernière branche de genêt qui flirtait avec la paille tressée de son chapeau, un de ses grands chapeaux que l’on voit, couronnant la tête des femmes du Sud, dans les films de Pagnol qu’Elle regardait avec son père quand Elle était petite « pour que tu connaisses la culture de ton pays » qu’il lui disait d’un ton fier, comme si la Provence était un pays…
Elle descend sur les rochers d’un pas agile, sautillant. Comme une enfant Elle étend les bras bien perpendiculaires au corps pour garder l’équilibre et marche sur la pointe des pieds, Elle fait « l’équilibriste sans le fil », comme Elle lui dit dans un sourire à chaque fois.
Lui est beaucoup moins assuré, Il ne s’attendait pas à ça, pour sûr ! Et puis toute cette caillasse bourrée de trous, c’est casse gueule nom de nom ! Tant bien que mal Il la rejoint au bord de l’étendue liquide. Evidemment, Il est beaucoup moins gracieux, Il n’a pas l’air très malin à descendre par a-coup en tentant de ne pas finir bec dans la flotte à cause d’une gamelle dont Il a le secret.
Elle a enlevé ses chaussures, qu’Elle tient d’une main, l’autre posée sur sa tête, combattant les rafales de vent chaud dont le mois d’août fait foison. On dirait une carte postale, se prend-Il à penser. Elle a les yeux braqués sur le lac, son regard posé et sûr contemple ce qu’Elle est seule à voir, ce qu’Il voudrait savoir, ce qu’Elle lui expliquera peut-être : pourquoi l’a-t-Elle emmené ici ?
Lui ne regarde qu’Elle, chaque détails, comme pour les imprimer sur ses rétines, comme pour ne jamais rien oublier… ils n’ont pas toujours raison ceux qui disent qu’ « aimer c’est regarder dans la même direction », pour preuve Il l’aime tant qu’Il ne cesse de la regarder, histoire de se prouver à lui-même qu’Elle n’est pas qu’une rêverie, qu’un mirage, mais qu’Il est bien avec Elle aujourd’hui, que c’est bien lui qu’Elle a tenu par la main jusqu’à cet endroit qu’Il ne comprend pas… et puis, comment détacher ses yeux quand tout transpire beauté et grâce dans chacun de ses mouvements ?
Elle, Elle le sait bien qu’Il la fixe, Elle le sent qu’Il n’est pas encore émerveillé par ce paysage si important, mais quand Elle le lui demandera, Il l’écoutera, avide de tous ces mots qui franchiront la barrière de ses lèvres, et alors ce sera son tour, son tour de le contempler, quand ses yeux s’écarquilleront un peu sous la surprise, quand Il comprendra, quand Il sourira de ce sourire gêné qu’Il a quand Elle parle d’eux… un échange de bons procédés en somme…
Il se rapproche d’un pas hésitant, peur de la déranger peut-être ? Qu’est-ce qu’Elle est belle, avec ces taches que le soleil imprime sur la peau de son visage en traversant les mailles de la paille. Qu’est-ce qu’Elle est belle quand elle sourit ainsi, effrontément, comme pour faire un pied de nez à toutes les misères de la vie… à la voir ainsi on croirait que le bonheur est bien simple à atteindre…

Un long silence envahit le paysage provençal, que seules quelques cigales animent de temps en temps. Un silence presque religieux, pas pesant, mais religieux. Chacun respecte ce moment donné à l’autre, partagé à deux sans fioritures ni faux-semblants. Puis quand Elle juge qu’il est temps, elle détache ses yeux pour se tourner face à lui. Lui sent le moment arriver dans toutes ses veines qui s’agitent dans ses poignets sous les pulsations accélérées de son cœur. Il déglutit quand Elle esquisse un sourire en murmurant :

« Tu veux savoir, maintenant ? »
Un hochement de tête, c’est tout ce dont Il se sent capable. Pourquoi donc perd-Il toujours ses moyens ? Elle ne lui demande rien de plus, Elle sait qu’Elle peut commencer, alors Elle esquisse de son bras libre un arc de cercle en disant :

« Regarde, tout ce qu’il y a autour de Toi : les nuances de l’eau, sa transparence, ses reflets, ses remous quand le vent la balaye ; les arbres qui nous encerclent, leurs feuilles vertes, éclatantes en été, ces milliers de fleurs qui parsèment les feuillages et font des petites touches de vie comme sur les tableaux des Impressionnistes ; le ciel, ce ciel qui change si rapidement de couleur et de texture, qui s’habille selon ses humeurs ; la couleur de ces rochers que le soleil réchauffe, les aspérités de leur surface, les dessins en ombres chinoises qu’elles créent en jouant avec les rais de lumière… regarde bien tout ça… Ne te sens-tu pas à ta place ici ?
Tu m’as demandé pourquoi je t’aimais Toi, Toi et pas un autre, c’est pour toutes ces raisons. Parce que Tu es comme ce panorama. Parce qu’avec Toi je me sens à ma place, parce que tu es aussi rassurant qu’un paysage d’enfance, parce que tes yeux me rappellent cette eau qui a bercé mes rêveries de gamine, dans laquelle j’ai fait mes premières brasses, bu mes premières tasses aussi, avec qui je suis devenue la complice des soirs d’été. Parce que Tu me rassures en me rappelant ce que je connais déjà, comme si l’inconnu ne l’était pas tant que ça, comme si l’avenir avec quelqu’un d’autre n’était pas un aussi grand changement qu’on semble le croire… on a toujours peur de ce que l’on ne connaît pas, Tu ne penses pas ? Moi, je n’ai pas peur de Toi, pas peur de Nous, parce que Tu es ce paysage que je connais, qui chaque fois se montre sous un jour différent, mais garde ce je-ne-sais-quoi d’identique qui rassure, comme si jamais je ne pouvais être perdue, comme si jamais je ne pouvais être seule… parce que tu me donnes l’impression d’être chez moi, en quelque sorte. Et puis, parce que Tu es aussi surprenant que l’eau quand le vent se mêle à elle et vient tremper ma robe sans que je ne m’y attende, que Tu sais toujours m’étonner, que Tu ne me lasses jamais. Parce que Tu es aussi beau que toutes ces fleurs de genêt, petits bouts de soleil descendus se poser sur le vert des feuilles, aussi inattendu et que ces coquelicots qui poussent là où personne ne ferait rien pousser même avec la plus grande détermination… Parce que Tu es aussi calme que ces rochers immobiles qui flirtent avec les astres, tantôt baignés de chaleur, tantôt bleutés par l’éclat de la lune, revêtant un voile mystérieux qui leur donne ce charme des secrets que l’on cherche à découvrir, parce que Tu dégages cette même solidité rassurante, qui accompagne tout au long des épreuves, et ce malgré une fragilité apparente, des cassures faites par le temps, par le fait d’avoir déjà vécu. Je T’aime pour tout ça et pour bien d’autres raisons encore… »

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J'espère qu'il n'y avait pas de limitation dans le nombre de mots, mais il ne me semble pas ^^
Bon, après je ne prétends pas que cela soit de la grande littérature, mais j'avais envie de m'essayer moi aussi à ce petit exercice parce que la photo était vraiment jolie et porteuse de beaucoup d'idées... me suis préparée pour les critiques ou conseils, alors allez y huhu!

Admin Nombre de messages : 60 Age : 36 Date d'inscription : 20/04/2007

J'avais écrit tout un roman pour t'expliquer tout ce que j'avais aimé et pourquoi, et mon c** d'ordi m'a déconnectée! Mad

Désolée mais je n'ai pas le courage de tout recommencer, je le ferai sur msn^^
Pour faire simple: c'est splendide, j'ai vraiment adoré!

Roo comment te dire cela..on reconnaît bien ton style..Style qui t'appartient tant..qui a réussi à me séduire, et la encore ça me séduit!Et puis cette histoire :Elle qui est sur de ce qu'elle fait, sur de ses pas..lui craintif,plus réservé..Et cette fin ce moment que lui attend mais en même temps il est figé car elle est impressionante, éblouissante cette fille...!Enfin l'enchaînement des métaphores je trouve cela vraiment bien écrit,on rescent une montéee ascendante...

PS:merci

Rooo merci à vous deux ! Tt particulièrement votre avis m'est très important, celui de ma Zabou, ma soeur de coeur qui lit tant et tant de lignes sorties tt droit de ma plume, et celui de Mon N'Amoureux, pour qui je n'avais pas encore vraiment écrit mis à part sur mon blog et pdt nos loooongues soirées msn... enfin pas de vrais textes, pas des "comme ça"... alors merci, moi qui hésitais... je ne pensais pas qu'il serait aussi bien accueilli...

Il ne faut pas que tu hésite..tu écris si bien ..et même si tu ne trouves cela pas parfait ce n'es tpas grave , te lire est un réel plaisir

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